Terres australes : l’aventure selon Christian Clot
L’explorateur-chercheur Christian Clot est un adepte des aventures extrêmes. De retour d’Amazonie et de Patagonie depuis quelques mois, il nous confie son amour pour les terres australes, disséminées dans le pôle Sud.
Christian Clot est à l'origine du projet "Adaptation", dans lequel il étudie la manière dont son corps s'acclimate et s'adapte à l'environnement dans lequel il est plongé. Aujourd'hui, l'explorateur nous parle de son affection pour les terres australes.
Qu'évoquent les terres australes pour un aventurier ?
Ce sont les lieux de l'infini, là où commencent et finissent toutes les histoires. Elles gardent un mystère extraordinaire parce qu'elles ont été découvertes tardivement, au point d'être le catalyseur des légendes les plus extravagantes. Mais aussi parce que leur difficulté d'accès, leurs exigences sur le terrain, les changements permanents qui s'y opèrent, donnent l'impression d'un éternel recommencement. Ce sont des territoires où l'exploration ne se terminera jamais. A ce titre, elles doivent aussi nous inspirer le respect, le besoin de témoigner, de raconter, de montrer, pour que l'humain n'oublie pas qu'il a aujourd'hui un devoir absolu de protection de ces univers splendides.
Les extrêmes, cela vous connaît. Quel est votre plus beau souvenir dans ces territoires du bout du monde ?
Le plus beau souvenir est toujours celui que l'on continue de chercher. Parce que quoi que l'on ait vécu ou vu, il ne faut jamais devenir indifférent. Chaque instant sur ces territoires comporte une part de magie, pour peu que l'on soit prêt à l'accepter. Une aurore boréale, un renard blanc qui surgit, un glacier majestueux qui s'étire à l'infini en s'alanguissant sur les flots millénaires... Je pourrais dérouler une liste sans fin à la Prévert, et pourtant rester persuadé que, à chaque fois que je m'y rendrai, je continuerai d'en être émerveillé.
Le plus beau souvenir est toujours celui que l'on continue de chercher.
Pourquoi recommanderiez-vous ce type de destinations aux voyageurs ?
Ces milieux sont exigeants. Très exigeants. Ils invitent à l'humilité, à ne jamais oublier la puissance qui se dégage de chaque particule. On y apprend le geste pur, le minimalisme, la patience, car ils décident quand nous pouvons progresser ou non. Pas nous. Il faut aller chercher dans les derniers retranchements de son mental, y découvrir souvent ce que nous ne soupçonnions même pas à propos de nos capacités. On ne sait pas toujours pourquoi on part en ces lieux. Mais on en revient toujours transformé de corps et d'esprit. C'est très intense. A chacun ensuite de ne pas l'oublier et de se faire ambassadeur de ces mondes puissants, mais tellement fragiles, que nous devons faire aimer pour les protéger.