Terre, une invitation au voyage

Sardaigne : une île pour ma tribu

Stéfane Buvot
Sardaigne : une île pour ma tribu

Un voyage nature, des paysages sauvages, une envie d’Italie… Et une destination qui combinerait les attentes de Tom, 7 ans, et Lola, 16 ans, comme celles de leurs parents, Chloé et Stéfane.

Telle était l'équation de l'été pour la famille Buvot. La Sardaigne semblait réunir toutes les conditions. Quinze jours, début juillet, dans le nord de cette île deux fois plus grande que la Corse ont validé le choix, ravi les enfants, enchanté les adultes. Souvenirs en cartes postales.

L'archipel de la Maddalena, concentré de nature

D'Olbia, nous avons roulé jusqu'aux premières stations balnéaires, les deux « Saint-Trop' » de la Costa Smeralda : Porto Rotondo et Porto Cervo. Trop touristiques à notre goût. Nous avons continué en direction de l'archipel de la Maddalena, à l'extrémité nord-est de la Sardaigne. Tom était emballé à l'idée d'embarquer sur le ferry ! La Maddalena est la plus habitée et la plus visitée des sept grandes îles. Ce qui est frappant, ce sont les blocs de granit rose et de porphyre que l'on voit partout. Et ces somptueuses plages de sable blanc où j'ai retrouvé des sensations que j'avais éprouvées en Polynésie ! Quant à la Caprera, elle n'est habitée que quelques mois par an, par des bergers. Elle abrite la maison-musée de Garibaldi, le général qui a uni?é l'Italie, et sa tombe, mais aucun village. Nous avons pique-niqué dans la forêt de pins, randonné dans la garrigue jusqu'à découvrir une crique aux eaux cristallines où nous nous sommes baignés.

La crique aux eaux cristallines - ©Stéfane Buvot

La vallée de la Lune

À proximité de Santa Teresa Gallura, dans la péninsule de Capo Testa, c'est un paysage étonnant : un amoncellement de gros blocs de granit blanc au cœur du maquis. Le site s'appelle en réalité Cala Grande mais, dans les années 1970, il était très prisé des communautés hippies qui l'ont surnommé « la vallée de la Lune ». Dépaysant.

Tempio Pausania, beauté granitique

Tempio Pausania est une ville réputée pour le travail du liège et du granit. Elle est aussi construite tout en granit, assez austère, très éloignée de l'image classique des villes méditerranéennes. Mais peu à peu, nous nous sommes imprégnés de l'atmosphère singulière qui se dégage de cette unité architecturale et nous l'avons beaucoup appréciée ! Ensuite, nous avons roulé jusqu'à Santa Teresa Gallura, pointe nord de la Sardaigne, qui o?re une vue sur les falaises de Bonifacio, en Corse. L'occasion d'une leçon de géographie appliquée avec les enfants : comment situer la Sardaigne, évaluer les distances (12 kilomètres entre Santa Teresa Gallura et Bonifacio, une heure de bateau mais combien à la nage ?), savoir prendre des repères...

Tempio Pausania - ©Stéfane Buvot

Pelosa, la plage de rêve

Tout près du village de Stintino, il y a une plage très réputée pour son sable blanc, ses eaux claires, sa tour génoise : la Pelosa. Parfaite pour les enfants comme pour les parents : le cadre est somptueux, on a pied durant très longtemps. L'ambiance y est populaire, familiale.

L'Argentiera, de pierre et de mines

Tout près de la ville de Sassari, un site industriel à l'abandon. Les bâtiments de la mine exploitée durant des siècles pour ses réserves de plomb, d'argent et de zinc, sont désa?ectés depuis la fermeture, en 1962. La nature, peu à peu, reprend ses droits. Cette architecture industrielle génère une atmosphère étrange qui m'évoquait les villes fantômes du Far West, vestiges de la ruée vers l'or. On s'est baignés dans la crique qui se trouve au-dessous, bordée de rochers bruns, où le sable se mêle à des graviers et à de la poudre de minerai.

Grotte de Neptune - ©Stéfane Buvot

La grotte de Neptune

On accède à la grotte de Neptune par un très long escalier – 656 marches ! – sculpté dans la falaise abrupte. La grotte est immense, composée de plusieurs salles. Ici, on quitte la chaleur pour la fraîcheur, la pleine lumière pour l'obscurité. Il faisait très chaud ce jour-là, nous avons mis vingt minutes pour descendre ! La remontée a été plus longue et sportive. Mais la beauté naturelle de cette immense cavité marine nous a tous conquis.

Bosa, la palette de pastels

C'est une petite ville au nord-ouest, presque à mi-chemin entre Alghero et Oristano. On aperçoit de loin l'imposante citadelle médiévale qui la surplombe. À Bosa, l'ambiance est plus ?uviale que balnéaire : la cité est traversée par la Temo, la seule rivière navigable de Sardaigne. Dans le vieux bourg, les maisons sont collées les unes aux autres et toutes peintes de couleurs pastel. On a l'impression de se trouver à l'intérieur d'une boîte de peintures ou de craies ! Les ruelles pavées sont exiguës, tortueuses, un vrai labyrinthe. On déambule, on débouche sur des culs-de-sac, on fait marche arrière, on joue à passer de l'ombre à la lumière. Nous nous sommes aussi baladés le long de la rivière, il y a plein de food trucks. Installés dans des transats, nous avons contemplé le soleil couchant. C'était un moment de rêve, dans ce village charmant qui est resté gravé dans nos rétines.

Le golfe d'Orosei en Zodiac

Dans le golfe d'Orosei, considéré comme la plus belle partie du littoral sarde avec ses quarante kilomètres de falaises, ses grottes marines et ses plages de sable ?n bordées par une mer turquoise et transparente, nous avons opté pour une escapade d'une journée en Zodiac. C'était très agréable de se laisser porter et de pouvoir ainsi savourer toutes ces impressions ensemble. Prendre de la vitesse, sentir l'écume, le vent : Tom a adoré. Lola a aussi savouré les plages de sable blanc. Avec Chloé, on s'est gorgés de paysages grandioses. Le Zodiac nous a permis d'entrer dans de petites grottes, de pro?ter de criques paradisiaques, inaccessibles autrement. L'une des plus belles journées du séjour, à l'unanimité de nous quatre !

Le golfe d’Orosei - ©Stéfane Buvot

Orgosolo, l'art à ciel ouvert

C'est un village accroché à la montagne, au-dessus de la mer, célèbre pour ses murales. Ces grandes peintures sur les murs expriment toutes des messages, qu'ils soient politiques, culturels, historiques, sociétaux, liés à l'actualité internationale ou à l'histoire locale. Ils soulignent aussi l'attachement à l'identité sarde, en contraste avec le reste de l'île où l'in?uence italienne est très présente. La première fresque a été réalisée en 1969 par un groupe d'anarchistes milanais, d'autres ont pris le relais. Aujourd'hui, on en compte plus de deux cents. Nous avons beaucoup apprécié cette galerie d'art à ciel ouvert, aux thèmes très variés qui se prêtaient bien à des discussions avec les enfants. L'art comme moyen d'échanger et non de faire joli.

P.S. : un cocktail bien dosé

La Sardaigne, même si nous n'en avons visité qu'une partie, offre des visages très contrastés. Chaque journée était di?érente. J'ai apprécié le caractère atypique, sauvage de l'île, la nature préservée, mais aussi les villages, les anciennes mines... Trop de culture, on perd les enfants ; trop de plage, on perd les parents. Ici, on peut équilibrer parfaitement les désirs des uns et des autres. Et puis, et ce n'était pas le moindre plaisir de ces vacances, chaque sortie était agrémentée par les fameuses glaces italiennes, auxquelles s'ajoutaient les pizzas et les pâtes locales, les malloreddus.

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