Objectif Diagonale des Fous avec Pascal Blanc
Pascal Blanc possède un palmarès impressionnant et des records XXL sur trails ultra-longues distances. En 2017, le film sur sa traversée des Alpes a reçu le prix du public lors de notre festival Objectif Aventure. Il accompagne en juin des coureurs à La Réunion pour préparer la Diagonale des Fous.
Comment vous est venue l'idée du record de la Grande Traversée des Alpes par le GR5, qui a fait l'objet de votre film « 621 km non stop », projeté en 2017 dans notre festival Objectif Aventure ?
En 2011, je termine 2e au Grand Raid en 24h20. Juste après, j'ai dû passer un contrôle antidopage qui s'est mal passé : je suis tombé deux fois dans les pommes. J'étais épuisé, mes jambes étaient douloureuses. Deux nuits de repos et quelques repas, plus tard, j'arrive au stade de La Redoute pour voir les derniers participants arriver. C'est là que je reconnais un coureur que j'avais eu en stage. Il venait de courir 62 heures sans dormir. J'ai reçu une grosse claque : moi j'ai couru 24h et je suis cramé, et lui a réussi à courir 62h ! Je voulais absolument vivre ça en courant le long de la muraille de Chine. Nous sommes parvenus à établir un parcours de 682km autour de Pékin, avec beaucoup de passages très compliqués. Mais pour y parvenir, les autorités chinoises devaient donner leur autorisation. Cela a pris deux ans de procédures, sans réponses. Mon partenaire local m'a prévenu que si je venais, la police allait m'arrêter. Changement de plan à la dernière minute : je tape sur internet "traversée des Alpes géante" et je tombe sur le GR5. Parfait. 621 km et 40 km de dénivelé positif parcourus en 172 heures et 35 minutes.
Regardez la bande-annnonce de "621 km non stop".
Qu'est-ce qui vous a mené à pratiquer le trail de haut niveau ?
En quelques mots : effort, pleine nature et partage. J'ai toujours pratiqué le sport, notamment du rugby pendant 17 ans. Quand je suis allé à la Réunion en 2005 pour le Grand Raid, la première fois, je ne savais même pas où situer l'île. Je suis arrivé 7e puis j'y suis retourné presque tous les ans. Je me suis rendu compte de l'engouement du trail sur cette île, centré sur les champions. J'ai dû y trouver une reconnaissance que je n'avais pas en France dans mon village. Je n'en parlais même pas au travail, je courais presque en cachette.
Vous allez accompagner notre voyage Objectif Diagonale des Fous au mois de juin prochain. Qu'allez-vous chercher à transmettre aux participants ?
Ce qui est important dans ce type de voyage, c'est que chacun avance à son rythme. Au départ je donne des consignes précises. Chacun doit être en phase avec ses responsabilités. Je ne cherche pas à savoir qui va composer mon groupe à l'avance. C'est en observant l'attitude de chacun que je vais pouvoir apporter des conseils pertinents. La façon dont les gens crapahutent, parlent, se nourrissent, positionnent leur sac, interagissent dans le groupe... Cela permet de les amener vers leur ressenti, de le comprendre et de se reconcentrer sur les bons éléments pour mieux appréhender la course.
Quels sont les prérequis physiques et techniques pour prendre part au voyage ?
Il faut bien entendu être en forme et conscient de son niveau. Mais le plus important c'est de pratiquer la montagne. L'effort musculaire, on peut toujours le gérer et l'adapter. En revanche, en descente, sur des terrains techniques, il faut avoir des automatismes. Il y a des choses faciles dans le programme et des enchaînements plus compliqués. La montée de nuit au piton des Neiges par exemple, ce n'est pas un problème. Mais la descente, avec la fatigue, c'est plus difficile. Quelqu'un qui ne court que sur du plat va vite se fatiguer parce que ses muscles stabilisateurs sont moins entrainés. Si une personne est capable de faire un trail de 35km avec 1500 mètres de dénivelé, elle peut envisager de nous rejoindre.
Pourquoi la Diagonale des Fous est-elle une épreuve particulièrement difficile et réputée ?
J'aide beaucoup de gens à préparer la Diagonale des Fous et ce qui est le plus compliqué, c'est la brutalité des changements entre la descente et la montée, les amplitudes musculaires, avec les marches irrégulières notamment, l'humidité et les écarts de températures. Il peut faire chaud dans les cirques, au bord de la mer, puis au-delà de 1800 mètres, il peut faire très froid.
Quels sont les temps forts du voyage ?
Tout est beau à la Réunion ! J'adore le sud sauvage avec ses laves très jeunes, ses camphriers et ses vanilliers. C'est un paysage volcanique totalement lunaire avec des scories et le plafond du cratère Dolomieu qui s'est écroulé. Il y a aussi la traversée entre le gîte du volcan et Bourg Murat, tout en balcon avec des panoramas très verts et très sauvages. Le cirque de Mafate, avec sa particularité culturelle, est incontournable. En général, le matin j'essaye d'organiser une rencontre avec une classe et un instituteur pour permettre aux gens de comprendre leur situation. Ici les enfants habitent à 4km de l'école, ils viennent à pied sans avoir vu une seule voiture, mais ils savent très bien ce qu'est un hélicoptère ! C'est un super échange. C'est extraordinaire de pouvoir comprendre la morphologie de l'île en la traversant.
Que diriez-vous à des participants qui hésitent encore à s'inscrire ?
Si on a la possibilité de se remplir de l'énergie de l'île avant de pouvoir la dépenser sur l'épreuve, on a de meilleures chances de réussite! C'est comme retourner sur quelque chose qui nous a fait évoluer dans notre pratique. C'est plus facile et ça permet de voir de jour des choses qu'on verra de nuit pendant l'épreuve.
Quel sera votre prochain défi ?
Ce qui me motive c'est d'apprendre de nouvelles techniques et de me mettre en situation de défi. Alors je me suis lancé dans des compétitions d'ultrapaddle sur des rivières. Là, j'ai descendu les 720km de la Loire en 6 jours. Mon prochain gros défi, c'est la Dordogne intégrale. En parallèle je m'occupe de la préparation mentale de jeunes pour les Jeux olympiques. C'est très enrichissant.
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