Lumières d'estampe
Issu d’une grande famille de samouraïs, il s’est révélé plus doué pour le pinceau que le sabre. Tout l’art d’Andô Hiroshige (1797-1858) a été distillé par le voyage et une certaine paix intérieure.
Le grand maître de l'ukiyo-e (littéralement « les images du monde impermanent ») a su capturer aux quatre coins de l'archipel la lumière éphémère de ces moments flottants entre averses, chutes de neige, lambeaux de brume et lune rousse et porter la xylographie polychrome à son sommet. Lorsqu'il attaque ses premières planches, les thèmes à la mode se cantonnent aux centres d'intérêts de la petite bourgeoisie : portraits de courtisanes, serveuses de maison de thé, acteurs de kabuki ou lutteurs de sumo.
Ce n'est qu'après 1830 qu'il s'intéresse aux paysages et à leur nature changeante. L'humain est toujours là, mais cette fois il s'agit du peuple en mouvement, modeste et affairé, formidablement vivant : pèlerins égarés, marchands chargés de ballots, voyageurs à cheval, ouvriers au travail, moines surpris par l'orage... Tout ce petit monde est placé au coeur d'une nature poétique sur des planches de bois empreintes de délicatesse et de mystère. Virtuose du clair-obscur, des dégradés subtils et des aplats de couleurs, Hiroshige façonnera l'imaginaire des impressionnistes et de toute l'avant-garde artistique occidentale de la fin du XIXe.