La tête dans les étoiles et les pieds dans le sable avec Benoit Reeves
Nos voyages dans les environnements les plus isolés nous permettent d’observer les ciels étoilés et leurs mystères, loin de toute pollution lumineuse. Benoit Reeves, médiateur scientifique spécialisé dans l’astronomie, accompagne certains de nos voyages dédiés à ce sujet. Nous l’avons rencontré.
Contempler l'horizon du haut d'une dune ou d'un sommet montagneux est un moment privilégié des randonneurs qui marquent une pause dans la marche. Les navigateurs pratiquent aussi l'exercice. Il existe un horizon qui accompagne tous nos treks et voyages et dont on ne connaît pas les limites : l'Univers.
Médiateur scientifique spécialisé dans l'astronomie, Benoît Reeves accompagne des voyages centrés sur cette thématique. "L'astronomie est une science fondamentale. Son objectif est de chercher à comprendre notre place dans l'Univers", explique-t-il. Fils de l'astrophysicien Hubert Reeves, il partage ses connaissances avec les voyageurs lors de séances d'observation nocturnes et de conférences. "Astronomie et environnement vont très bien ensemble : les véritables ciels noirs se trouvent dans les déserts, d'où l'idée de créer ce type de voyage dans les régions où les ciels sont les plus transparents", détaille-t-il.
Profonde beauté
Au cours d'un voyage en Mauritanie dans le désert de l'Adrar en avril dernier, loin de toute pollution lumineuse, le groupe a pu observer des galaxies, des nébuleuses, des amas globulaires et des rémanents de supernovæ. Benoît Reeves en cite quelques exemples : "Nous avons pu admirer la galaxie du Sombrero, l'amas globulaire Omega du Centaure, la nébuleuse de la Carène et la nébuleuse planétaire de l'Œil de Chat." Ce passionné est avant tout un convaincu : "Quelle que soit la qualité du service offert par l'hôtellerie de luxe, aucune ne peut rivaliser avec la profonde beauté d'un ciel nocturne dans le désert." Quand le jour revient, la journée, les paysages grandioses se dévoilent et offrent aux voyageurs l'occasion d'explorer des écrins de nature préservés. Il est temps de randonner.
L'Univers permet aussi de trouver un langage commun entre les cultures. Pour beaucoup de peuples et ethnies du monde, le ciel est source de repères pour l'orientation, mais aussi de spiritualités diverses. "Depuis la nuit des temps, les hommes contemplent les milliers d'étoiles et les planètes scintillant la nuit. Au cours de l'Histoire, chaque culture a peuplé le ciel de dieux, d'animaux ou de monstres. En tentant de comprendre la régularité de la mécanique céleste et d'y discerner des signes annonciateurs d'événements, elles ont essayé d'expliquer la création du monde et ont mis en récit des cosmogonies" raconte Benoît Reeves.
Il cite notamment les Inuits qui percevaient "les étoiles comme des lacs brillant dans l'herbe noire, là où les télescopes montrent de nos jours d'énormes nuages de gaz brûlant".
Observation astronomique en Mongolie
À l'été 2024, Benoît Reeves accompagnera un nouveau voyage en Mongolie. L'itinéraire passera par le désert de Gobi, "un des endroits les moins pollués au monde par la pollution lumineuse", puis la vallée de l'Orkhon et le Bayan Gobi. Pour participer, aucune connaissance particulière n'est requise ni aucun matériel spécifique, "il est juste recommandé d'aimer contempler les étoiles", s'amuse-t-il. Le ciel a un avantage indéniable : il fait partie d'une culture commune dans laquelle chacun puise des connaissances.
"La plupart des peuples ont dessiné des constellations à partir d'alignements d'étoiles ou d'astérismes, dont les plus remarquables ont été utilisés par plusieurs civilisations : Orion, la Grande Ourse, le Scorpion...", détaille-t-il. Les participants aux expéditions bénéficient néanmoins d'équipements collectifs pour entrer pleinement dans l'expérience. Plus proche de nous, le Lot, le Quercy ou encore les Cévennes possèdent des ciels sombres et propices à l'observation astronomique. Ne reste qu'à lever les yeux !