Franchir la ligne : le baptême de l'Équateur
Il est une tradition immuable dans l'histoire des marines occidentales : la célébration du franchissement de la ligne équatoriale ou « passage de la ligne ».
Il est une tradition immuable dans l'histoire des marines occidentales : la célébration du franchissement de la ligne équatoriale ou « passage de la ligne ». Marquant le basculement d'un hémisphère à l'autre (la ligne symbolique à partir de laquelle la Terre s'inverse!), la cérémonie initiatique récompense les membres d'équipage qui franchissent pour la première fois cette zone turbulente redoutée par les marins.
Un passage initiatique
Bougainville fait remonter ce rite à l'époque de Vasco de Gama. Au temps des grandes découvertes et des voyages intrépides, la mer constituait un trait d'union entre le monde connu et le « Nouveau Monde ». Point d'accès à la fois géographique et symbolique, elle se chargeait ainsi d'une mystique particulière nourrissant les croyances et les imaginaires. Imprégné de références à la fois païennes, chrétiennes, mythologiques et même carnavalesques, le baptême de la ligne permettait à l'équipage de démystifier les phénomènes météorologiques de l'Atlantique équatorial, mais aussi d'apporter quelques distractions durant la longue traversée.
Le jugement de Neptune
Au cours d'un cérémonial rondement mené, les matelots néophytes étaient convoqués devant Sa Majesté Neptune, dieu romain des mers et des abysses, dont le rôle était endossé par un « ancien ». Afin d'être autorisés à pénétrer dans son royaume, les aspirants devaient lui payer un tribut et passer plusieurs épreuves.
Reçus à l'avant du bateau, ils étaient tour à tour enduits de graisse et de farine, harangués par une horde de sauvages et copieusement aspergés d'eau de mer. Une fois lavés et blanchis, les baptisés devenus « chevaliers des mers » recevaient un certificat de passage. Aujourd'hui, si la cérémonie du baptême de la ligne a beaucoup changé, elle reste un moment de convivialité qui cultive le sentiment d'appartenance à l'histoire collective.