Terre, une invitation au voyage

Carpe diem au pays des icebergs

Nicolas
Carpe diem au pays des icebergs

S’il y a un pays qui m’a marqué, c’est bien le Groenland. En général, quand on a la chance de découvrir une destination aussi dépaysante, on a souvent l’impression d’être parti beaucoup plus longtemps, et on revient avec 1000 souvenirs en tête.

Si je devais garder les plus marquants, ce serait sans doute ceux-là :

  • Pagayer au milieu des baleines 

Baie de Disko - Groenland

  • Entendre le bruit de la glace, ses craquements lorsqu'un iceberg se retourne, ou encore cette détonation lorsque la glace s'effondre des glaciers pour tomber dans la mer
  • Prendre l'apéro le soir après notre étape en kayak dans les fjords sauvages du Groenland, avec des morceaux de glaçons pris sur un bout d'iceberg (la glace a entre 500 et 800 ans !)

Iceberg - Groenland

  • Voir un caribou traverser nonchalamment notre campement le soir après notre repas
  • Pêcher à la ligne près d'un fjord, et en faire un diner copieux le soir venu (morue, poissons de roche, et même une truite)

 Expédition en traineau à chiens au coeur des Fjords de Sermiligaq, Groenland

  • Faire une pause baignade dans une eau à 5°C (bon d'accord, pas très longtemps) puis se sécher tranquillement au soleil, si soleil il y a bien sûr
  • Marcher en crampons sur un glacier entre les séracs de couleurs bleue et blanche, regarder vers le nord et se dire qu'il y a de la glace sur au moins 2000km, avec une épaisseur de 3km par endroits

Sortie en raquettes - Baie de Disko en hiver, Groenland

  • Manger des bleuets pendant une rando (le sol en est littéralement jonché en juillet), et arriver au sommet d'un fjord avec une vue à couper le souffle
  • Passer en kayak à côté d'un iceberg haut comme un immeuble de 3 étages, et réaliser qu'on ne voit en fait que 20% de sa masse

Expedition en kayak au milieu des icebergs, Groenland

L'une des choses qui m'a également beaucoup marqué lors de ce voyage, c'est notre rapport au temps. Je m'explique : dans notre vie quotidienne, nous sommes toujours en train de penser à « après », à moyen ou long terme : organiser ses vacances, son travail, penser à faire ceci, à prévoir cela, etc... On ne pense quasiment pas au moment présent. Or, dans ce type de voyage en autonomie complète, et spécialement dans ces destinations sauvages, c'est tout l'inverse.

On ne pense qu'à l'instant présent, à ce que l'on va faire maintenant ou dans l'heure qui vient. Monter sa tente, préparer le repas, aller pêcher, mettre les kayaks à l'eau....

Rien ne sert de penser à plus tard ou même à prévoir des choses, car en effet on ne sait pas d'ici une heure quelle sera la météo, l'état de la mer, le vent, la quantité de glace dérivant sur l'eau, etc... Du coup, on profite uniquement de l'instant présent, du rayon de soleil qui perce, de l'animal qu'on aperçoit, et cette manière de penser (un peu inhabituelle pour moi finalement) donne l’impression de partir plus longtemps, le temps passe moins vite.

Le dernier jour de notre voyage, alors que nous étions tous un peu tristes qu'il se finisse déjà, un membre de notre groupe m'a donné un précieux conseil : plutôt que de me jeter sur mon ordinateur pour commencer à trier mes photos dès mon retour (ce que je fais d'habitude), il m'a dit au contraire de ne pas les regarder pendant au moins une semaine. En effet, après un aussi beau périple, nous sommes souvent un peu déçus lorsque l'on regarde ses photos « à chaud », et qui bien sûr ne restituent jamais complètement les merveilleux paysages qu'on a gardé en tête. Alors que si on laisse un peu de temps s'écouler, en reprenant le quotidien de nos vies, en pensant à autre chose, toutes les photos que l'on va visionner après coup vont nous paraître extraordinaires, et vont raviver nos souvenir de manière beaucoup plus forte. C'est mon conseil : carpe diem, faites votre deuil du voyage pour mieux y revenir après.

Il est difficile de choisir un voyage qui surpasserai tous les autres car chaque périple a tellement de facettes qu’il est impossible de les hiérarchiser. Et pourtant, en repensant aux terres gelées du Groenland, j’ai l’impression d’avoir vécu quelque chose d’unique, mon plus beau voyage.

Kayak au coeur des icebergs, Groenland

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