Aux origines du végétarisme
Manger des animaux ou choisir de ne pas en consommer : la question nous agite en réalité depuis des siècles. À l’heure où les prises de position « vegan » (le terme date de 1944) se multiplient, on s’aperçoit qu’elles dépassent largement le seul cadre de l’alimentation.
Végétarien, végétalien, flexitarien : retour sur une pensée historique plus complexe qu’on ne le croit.
Religions et végétarisme sont étroitement liés. Dans l’Ancien Testament, ce n’est qu’après le Déluge qu’Adam et Eve sont autorisés à manger de la viande. L’ahi sa (principe de non-violence et de respect de la vie), notion philosophique que l’on retrouvera ensuite dans l’hindouïsme, le jaïnisme et le bouddhisme dont les adeptes sont végétariens, est présente dès le VIIIe siècle avant J.-C. Et si jusqu’au début du XXe siècle on désignait les végétariens sous le nom de « pythagoriciens », c’est bien parce que Pythagore, au VIe siècle avant J.-C., avait théorisé la transmigration des âmes et interdisait à ses élèves de consommer de la chair animale et des oeufs, ainsi que de porter de la laine. La christianisation de l’Europe réduisit ensuite le végétarisme à des minorités jugées hérétiques (Bogomiles, Cathares) ou aux ordres ayant fait voeu de pauvreté.
À L’Est toute
C’est en Asie que le végétarisme est le plus vivace, avec bien des variantes : si les hindouistes consomment végétaux et produits laitiers, certains brahmanes refusent les légumes rouges à la couleur du sang (betteraves, tomates), et les jaïns ne consomment ni oeuf, ni miel, ni légumes-racines, ni ail ni oignon. Les tenants du taoïsme, du confucianisme et du bouddhisme le pratiquent également. Et c’est d’ailleurs par l’Angleterre, grâce à ses contacts avec l’Inde, que le végétarisme reprit pied en Europe au XVIIe et XVIIie siècle, par l’entremise des écrits de Thomas Tryon et John Oswald. En 1847 naquit la Vegetarian Society anglaise, d’après le mot vegetables (légumes). L’Alliance Végétarienne, première association de ce genre en France, ne verra le jour qu’en 1994 : dans un pays centré sur l’élevage et la production laitière, de forte tradition catholique, le terrain était moins propice.
La vague vegan
Ces cinq dernières années, le terme « vegan » a occupé le devant de la scène. Créée en 1944 par Donald Watson, cette doctrine affirmant que « les humains doivent vivre sans exploiter les animaux » est un mode de vie incluant l’alimentation 100% végétale. Sa résonnance actuelle est peut-être amplifiée par les impacts du réchauffement climatique sur notre assiette, dont on souhaite alléger le bilan carbone. Qu’elles soient liées à l’éthique, à la religion ou à la culture, les raisons de prôner une alimentation végétarienne n’ont jamais manqué. De façon récente, l’accroissement de la population mondiale et le réchauffement climatique ont donné une nouvelle dimension au végétarisme, en soulignant l’impact de nos choix alimentaires sur l’environnement.
Qui mange quoi ?
Végétarien : aucune chair animale, ni sous-produits d’animaux abattus : pas de viande, volaille, poisson, fruits de mer, oeufs de poisson, gélatine ou nuoc-mam !
Végétalien : l’alimentation végétalienne exclut les mêmes produits que l’alimentation végétarienne mais également ce qui est produit par les animaux : oeuf, laitage, miel…
Vegan : plus qu’un régime alimentaire, un mode de vie. Régi par l’antispécisme, le véganisme refuse de placer l’homme au-dessus des autres espèces et exclut tout élément portant atteinte aux animaux : zoo, cuir, laine, cire d’abeille…
Flexitarien : moins de viande, plus de végétaux, sans pour autant être 100 % végétarien. Autrement dit une base végétarienne, avec occasionnellement du poisson ou de la viande.