[Terdav & 20Qs] Mongolie, la vallée de l'Orkhon
Pauline et Baptiste, de 20 questions to the world, se sont rendus en Mongolie, à la rencontre des nomades dans la vallée de l'Orkhon. Récit.
Cela fait maintenant un mois que nous vadrouillons en Mongolie, dans ses espaces infinis. Ce périple commence par un voyage en bus vers Karakorum, l'ancienne capitale de l'empire mongol située au centre de la Mongolie. De là, nous planifions deux semaines de marche dans une région assez peuplée (toute proportion mongole gardée) : la vallée de l'Orkhon.
Après avoir fait le plein de nouilles chinoises et acheté un réchaud local, d'un poids assez déroutant, nous pouvons enfin nous mettre en route. Malgré tout ce qui nous avait été dit sur l'hospitalité nomade, les rencontres arrivent encore plus vite que prévu. Nous passons notre première nuit dans les steppes chez Hopahzapar, un éleveur qui nous accueille avec joie et simplicité. La barrière de la langue nous empêche de communiquer, mais le traditionnel échange de photos nous permet d'un peu mieux comprendre la vie de chacun. Le soir, nous l'aidons à rameuter son troupeau de chèvres à l'aide du mot magique : "Tchou" ainsi qu'une multitude d'onomatopées criées très fort à travers les steppes.
Les jours suivants défilent, tout comme les paysages qui, dans cette région assez montagneuse, changent fréquemment. Après 120 kilomètres de marche, nous nous arrêtons trois jours dans une petite ville, Bat Ulzii, pour éviter la tempête de neige qui s'est abattue sur la région, y refaire le plein et prendre une bonne douche (pas facile à trouver, mais chaude, quel bonheur !). Nous faisons également la rencontre de Runjik, un éleveur possédant près de 300 têtes de bétail (c'est la moyenne en Mongolie, les familles de nomades très riches ayant jusqu'à 1000 animaux).
C'est à cheval cette fois-ci que nous l'aiderons à rassembler son bétail. Nous sommes dans les montagnes encore complètement enneigées. Nos chevaux glissent dans les pentes trop raides. Nous paniquons à chaque fois que nos chevaux trébuchent, Runjik, lui, reste serein. Son fils de six ans monte déjà beaucoup mieux que nous sur des chevaux trois fois plus grands que lui.
Puis, c'est reparti, nous finissons de remonter l'Orkhon pour atteindre la vallée des Huit lacs. Nous retrouvons, pendant cinq jours, un groupe Terres d'Aventure. Ils sont accompagnés par trois jeunes éleveurs de yacks : Utlana, Sharam et Bolt. Le soir, ils nous proposent de les aider à rassembler leur troupeau de yacks. Une proposition qui sonne comme un privilège pour nous. Les mâles sont attrapés au lasso, ce qui n'est pas une mince affaire, même pour les nomades. Alors, quand c'est à notre tour d'essayer, bonjour l'échec !
On attrape les petits à la main, après une course poursuite autour de la mère la plupart du temps impassible, parfois paniquée. Nous mangeons de la viande de yack ainsi que du lait de yack sous toutes ses formes : crème, yaourt, fromage. Il nous est difficile d'avaler ce fromage si acide, et une astuce de coyote s'impose : le cacher dans nos poches en espérant avoir le courage de l'avaler plus tard. Notre périple chez les nomades se terminera tout au nord, à 40 kilomètres de la frontière avec la Sibérie. Nous partons rencontrer les Tsaatans qui sont enfoncés loin dans la taïga à cette période de l'année. Après trois jours de van sur des pistes défoncées, trois pneus crevés et je ne sais combien d'embourbages dans la neige et dans la boue, il est maintenant temps de monter en selle. Ce sera du cheval tout terrain : nous traversons des ponts sur deux rondins, des rivières où les chevaux ont de l'eau jusqu'au ventre, des marécages, des pierriers... Tout ça à un trot qui vous écorche les fesses ! La douleur est rapidement oubliée lorsque nous apercevons au loin les tipis des Tsaatans et la multitude de rennes. Drôles d'animaux : ils ont une queue de lapin, des jambes d'apparence bien trop fines pour supporter le poids des Tsaatans sur leurs dos et un cri à la croisée de celui du cochon et de l'oie.
Nous passerons trois nuits chez eux, hors du temps, hors du monde. Trois nuits sous un tipi à s'endormir avec le doux bruit du feu qui crépite dans le poêle.
Deux jours à les aider à attraper les rennes dans la nature, les ramener au camp, y attacher les mères avec leurs petits, les femelles célibataires d'un côté et les mâles un peu plus loin. Il est maintenant temps de se rediriger vers Oulan-Bator, pour s'envoler vers le Kirghizistan à la rencontre de nouveaux nomades.